Le temple de Chauray propose une double exposition du 5 au 28 avril 2024 de Sam Grégoire et Guillaume de Remusat.
Deux artistes aussi différents qu’ils sont amis vont présenter leurs œuvres au temple de Chauray une partie de ce mois d’avril. Deux univers sont à découvrir mais qui se complètent.
Pour les deux deux artistes, Sam Grégoire et Guillaume de Remusat, tout commence en 2020. Le peintre à la tronçonneuse, Sam Grégoire, fait la rencontre du photographe Guillaume de Rémusat dans les locaux de l’association Fonds et Dations Savarieau en Vendée. Guillaume de Remusat venait y déposer des tirages suite à la commande d’un collectionneur que les deux artistes ont en commun.
A la vue des œuvres, Sam Grégoire découvre que « bien que leurs techniques différent« , ils partagent la même vision artistique.
Et pourquoi pas une exposition commune ?
Guillaume vient de terminer une installation sur le bois dans l’ancienne église de Cazaubon-Barbotan-lès-Thermes (Gers), et Sam se voit offrir la possibilité d’exposer au Temple de Chauray . L’idée d’un projet en commun devient pour eux deux vite une évidence.
Le peintre demande à voir les archives du photographe et durant l’été 2022, tous les deux s’associent pour créer leurs premières œuvres de collaboration : les «ombres chinoises». Celles-ci sont photographiées par Guillaume et mises en scène par Sam. On y aperçoit l’ombre d’un Hub, personnage créé par Sam Grégoire, jouant avec la nature environnante y incorporant ainsi le street-art qui lui est cher.
Flashback sur les archives de Guillaume quand Sam y découvre la série en noir et blanc sur Brooklyn pris en pleine tempête. Une deuxième collaboration voit le jour et une première série d’œuvres composites, entre Hub et tirages sur aluminium brossé.
Poussant la confrontation de leurs idées et de leurs techniques un peu plus loin, c’est autour de la perte de sens du photographe, que celle-ci offre au public matière à réflexion.
Face à la nature et à la perception que nous pouvons avoir de celle-ci, plusieurs diptyques se répondent. Photographies de la série «Vertige» pour l’un, peintures à la tronçonneuse de la série «Ecorché vif» pour l’autre.
A découvrir parmi d’autres nombreuses surprises.
Qui est Sam Grégoire ?
Père agriculteur, Sam est fils d’agriculteur. Il est marqué par la nature, détruit par le remembrement qui lui arrache les tripes et lui donne le goût des arbres et des haies. Il n’a pas encore intégré la peinture mais il aime dessiner et son coup de crayon ne passe pas inaperçu.
Une première rencontre lui donne l’impulsion mais une seconde va lui ouvrir les voix de l’Art et de sa propre création, de sa propre technique, qu’il invente. Samuel Grégoire devient Sam Grégoire avant Sam G. Il intègre, il ingère, il analyse et il restitue ses pensées et ses idées, les améliorent et tout est réfléchi, du début à la fin. Il relève les défis.
La technique surtout, est selon les experts redoutable. Les nuits multiples sans sommeil à penser son œuvre future et permettre l’acte créatif en peu de temps parfois, mais la fulgurance fait la beauté. Le résultat est éclatant, juste, harmonieux, coloré et avec une multitude de lectures, et pourtant pleins de tâches et de grattages de la toile. Un travail sur le support est aussi réalisé. Un apprêt qui est fait avant et qui donne aussi profondeur et une autre lecture de son œuvre.
Une historienne d’Art dans une conférence l’a rapproché de grands artistes, tel Monet qu’il admire et à travers duquel il rend hommage par ses “Nymphéas”. Warhol bien sûr. Hartung pour les outils et le geste. Pollock mais ce serait trop facile à cause des projections… ! Georges Mathieu aussi entre 50 et 60. Joan Mitchell ou encore JonOne…
Et Guillaume de Remusat ?
Le parcours de Guillaume de Rémusat est assez atypique. Il s’intéresse très tôt à la photographie, en regardant son père photographier, son grand-père paternel, trier ses négatifs et les plaques de verre de son arrière-grand-père.
Lors des vacances, en Bourgogne, dans le village maternel, au contact de deux intimes de la famille, Jean-Michel Durand-Soufland, grand reporter et photographe pour Le Monde, et Janine Niepce, parente éloignée de Nicéphore Niepce, l’inventeur de la photographie, il apprend l’importance du regard et du cadre. Savoir regarder, avant de savoir photographier.
En les regardant immortaliser les moments de bonheur lors des mâchons bourguignons, il essaie de les copier avec le vieux boitier de son grand-père. Regard naturel qu’il privilégiera toujours face aux techniques de la retouche numérique.
Assistant du portraitiste Roberto Battistini il rencontre plusieurs figures de l’art contemporain. En 2004, il fonde l’agence Latitudes Arts, avec un collectif d’une dizaine de photographes spécialisés dans les musiques du Monde et l’art contemporain. Il collabore ensuite avec l’industrie musicale, le monde de l’édition et l’éditeur d’art Stéphane Klein.
Puis avec l’apparition de la photographie numérique, il passe à sa seconde passion, la musique. Il devient producteur de concerts.
Fin 2014, un AVC hémorragique vient tout stopper net. Au delà de son activité, c’est sa vie qui est remise en question.
En 2015, le British Museum lui demande une exposition suite à un reportage effectué douze années plus tôt en Egypte. Encouragé par cette offre et poussé par certains de ses médecins, il décide de reprendre la photographie.
Il utilise alors ses appareils comme des pinceaux, afin d’expliquer au corps médical et à son entourage les maux et handicaps invisibles qu’il doit affronter quotidiennement.
A savoir
Exposition à découvrir au Temple de Chauray, du lundi au dimanche, de 14 h à 18 h 30.
Présence quotidienne des artistes.
Entrée libre.