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Jeu de flûtes mécanique Davrainville fils – vers 1810 – Document @Ville de Niort

La collection Auguste Tolbecque du musée Bernard d’Agesci à Niort vient de s’enrichir récemment d’un jeu de flûtes mécanique. Elle provient de l’ancienne collection du musicien, luthier et collectionneur niortais.

Le musée Bernard d’Agesci vient d’acquérir un rare jeu de flûtes mécanique, identifié dans la Collection Auguste Tolbecque par le catalogue de vente de 1922. Cette acquisition fait suite à celles, en 2018, d’une musette de cour du 18e et d’une guitare baroque du 17e siècle issues également de la collection A. Tolbecque.

Ce jeu de flûtes (type serinette) est composé d’un cylindre en bois comportant des picots en métal. Ceux-ci commandent l’ouverture de clapets qui admettent de l’air dans les tubes d’orgue en étain accordés. L’air arrive par un soufflet en peau actionné par une manivelle qui fait également tourné le cylindre avec la mélodie. Deux rangées de 10 tuyaux sont appelés également touches.
Il pouvait jouer 8 airs de musique, mais n’est plus en état de fonctionnement. Il est intégré dans une vitrine en acajou.

Le facteur de ce jeu de flûte est Davrainville fils (1784 – 18..), facteur d’orgues, mécanicien connu pour les orgues d’appartements propres à faire danser.

Le vendeur est le descendant d’Onésime Lamarre, notaire honoraire à Niort (8, rue Thiers), ami d’Auguste Tolbecque. L’instrument a été acquis par le grand-père du vendeur à la vente A. Tolbecque en 1922 pour la somme de 94 francs. Il portait le numéro 603 dans le catalogue de vente. L’instrument est resté pendant plusieurs années chez les grands-parents du vendeur entouré d’autres instruments de la collection A. Tolbecque, tableaux et documents d’archives

Auguste Tolbecque (1830-1919)

Niort participe à cette période faste que connaît la musique en France dans la seconde moitié du XIXe siècle. Elle accueille en son antre un musicien, violoncelliste, compositeur, facteur d’instruments de musique, collectionneur et pédagogue, Auguste Tolbecque.

L’enseignant, l’interprète, le compositeur

D’origine belge, issu d’une famille de musiciens, Auguste Tolbecque est multi-instrumentiste. Il joue du piano, de la viole de gambe, du violoncelle, des instruments anciens, de l’orgue et du violon qu’il enseignera à Niort.

À quinze ans, il est élève dans la classe de violoncelle d’ Olive-Charlier Vaslin (1794-1889) avec son ami Camille Saint-Saëns et dans celle d’harmonie d’Henri Reber (1807-1880) au Conservatoire de musique et de déclamation de Paris. Il obtient son premier prix de violoncelle en 1849.  Enseignant au Conservatoire de Marseille (1865-1871), il se produit également dans cette ville en tant que violoncelle solo du Grand-Théâtre. 

Il revient à Paris en 1872 et entre à la Société des concerts du Conservatoire. Il joue ponctuellement pour les Quatuors Lamoureux et Maurin.

En 1880, il est nommé chef d’orchestre de la Société philharmonique de Niort (créée par Désiré Martin-Beaulieu en 1827) mais démissionne de ce poste en 1887. Il organise alors des soirées musicales privées : les soirées du vendredi et des concerts exceptionnels le dimanche au Fort Foucault, l’ancienne forteresse qu’il a acquise en 1875, face au Donjon de Niort.

Ses musiques, aujourd’hui oubliées, devaient servir un but essentiellement pédagogique et divertissant. Par exemple : son opérette en un acte, Après la valse, dont le livret est écrit par Henri Clouzot, qu’Auguste Tolbecque propose en représentation privée à Niort, le 22 décembre 1894. Cette pièce semble avoir rencontré un vif succès jusqu’à Paris, cas resté unique dans sa carrière musicale. 

Cependant, notre musicien a marqué son époque, pour preuve, son ami Camille Saint-Saëns lui a dédié son premier Concerto en la mineur qu’il a interprété le 19 janvier 1873, à la Société des concerts du conservatoire à Paris.

Le luthier niortais

Après un apprentissage en lutherie réalisé à Paris chez Victor Rambaux, Auguste Tolbecque se passionne pour la reconstitution d’instruments anciens observés sur des gravures, des enluminures ou des sculptures. 

Collectionneur d’instruments authentiques, il cède au Musée du Conservatoire de Bruxelles, en 1879, cent-seize instruments de musique. Il commence à exécuter des reconstitutions et montre en 1878 une première série d’instruments à l’Exposition de l’Art ancien au sein de l’Exposition universelle de Paris. 

Puis il expose une série d’instruments reconstitués, dans un atelier de luthier présent dans la Galerie de l’histoire du travail à l’Exposition universelle de 1889 à Paris. Il participe à l’exposition de Tours en 1892 où il obtient un premier prix pour une panoplie de trente instruments. Une présentation de ces mêmes instruments, complétés par trois autres, sera montrée à l’Exposition internationale du théâtre et de la musique à Paris, Palais de l’industrie, en 1896. Cette collection, qui remporte le Grand Prix, est achetée par Charles Petit, collectionneur. 

Un intérêt pour le Musée

Le musée Bernard d’Agesci est attentif à toutes acquisitions en lien avec Auguste Tolbecque. Il conserve dans ses collections un instrumentarium varié constitué de pianos, tambours, orgue, clairon et d’instruments à cordes frottées. Deux salles lui sont consacrées dans le parcours permanent du musée (atelier avec ses instruments et des éléments de son salon). Cette acquisition fait lien avec son site d’habitation (le Fort Foucault).

Dans le projet scientifique et culturel, en cours de réalisation, Auguste Tolbecque a une place importante avec une lecture du personnage en luthier – archéologue expérimental.

(D’après un communiqué de presse)