Lors d’un récent point presse, Gérard Gomez, président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Nouvelle-Aquitaine (CMA NA), a présenté et commenté les chiffres clés de l’artisanat régional, ainsi que les résultats d’une vaste enquête de conjoncture menée en fin d’année 2024.

Des questions

Au 1er janvier 2025, la Nouvelle-Aquitaine comptait 155 449 entreprises artisanales, soit une baisse significative par rapport au 1er janvier 2024 (−10,7 %). « Ce recul met en évidence les dysfonctionnements persistants liés au Registre National des Entreprises (RNE) géré par l’INPI, qui a remplacé en 2023 le Répertoire des Métiers », observe Gérard Gomez. « La perte apparente de 40 000 entreprises en deux ans n’est pas réaliste. Il y a un problème évident de qualification des activités des créateurs.» « a précisé Gérard Gomez. « 

Le secteur des services reste majoritaire avec 38 % des entreprises artisanales, suivi du bâtiment (37 %), de la production (15 %) et de l’alimentation (10 %).

Un chiffre reconstitué

En 2024, 16 827 immatriculations ont été réalisées. Il s’agit là d’un chiffre reconstitué par les services de la CMA Nouvelle-Aquitaine à partir des données INSEE, les données officielles indiquant seulement 1600 immatriculations. Cela représente une augmentation de 13,3 % par rapport à 2023. Ce chiffre reste nettement inférieur à celui de 2022 qui était plutôt de l’ordre de 25 000 créations par an. « Il convient donc de relativiser ces résultats en raison des anomalies liées à la classification des activités artisanales dans le registre de l’INPI, car la dynamique de création d’entreprises tous secteurs confondus reste toujours forte au niveau national. »

Par ailleurs, « les défaillances d’entreprises ont augmenté de 18 % en 2024, atteignant un niveau proche de celui de 2009. L’effet de rattrapage à la suite de la fin des dispositifs d’aides liés à la crise sanitaire est à craindre. Le secteur du bâtiment est particulièrement touché par ces défaillances, un secteur en crise actuellement. »

L’apprentissage en léger repli

Malgré un contexte difficile, la CMA NA accueille près de 12 700 apprenants (apprentis et adultes en reconversion) dans ses 15 centres CMA Formation. Toutefois, une baisse de 3 % a été enregistrée par rapport à l’année précédente, principalement due à l’augmentation du nombre de CFA, à la baisse de la démographie et aux doutes sur la pérennité des aides. Toutefois le nombre d’apprenants en reconversion est en hausse et compense cette baisse.

Conjoncture : des perspectives en demi-teinte

Selon l’enquête menée auprès de 900 dirigeants artisanaux, 50,6 % d’entre eux n’ont pas confiance en l’avenir de leur entreprise. Ce sentiment de fragilité touche tous les secteurs d’activité, avec une inquiétude particulière dans la production (45 % en situation critique) et l’alimentation (39 % signalant des problèmes de trésorerie).

A savoir

Des inquiétudes

En revanche, un point positif émerge : « 46,7 % des artisans prévoient de se former ou de former leurs salariés et apprentis en 2025. Cela démontre une volonté d’investir dans l’avenir et de s’adapter à un environnement en constante évolution. L’enquête souligne également la perception positive de l’apprentissage, avec 54 % des artisans considérant que la valeur ajoutée compense les coûts associés », termine le président non sans ajouter : « Toutefois, la baisse des aides inquiète : « 79 % envisagent de limiter ou d’arrêter leur recours à cette pratique indispensable pour l’avenir du secteur. »