Après les manifestations de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) : plainte pour tentative de meurtre et entrave aux secours d’un côté ; démenti et contre-attaque du côté de la préfecture à Niort.
Dans un communiqué de presse en date de ce mercredi 29 mars, le collectif Bassines non merci indique qu’une des familles va porter plainte pour « tentative de meurtre et entrave aux secours. »
« La famille de S. a déposé deux plaintes : la première pour tentative de meurtre et entrave aux secours ; et la deuxième pour violation du secret professionnel dans le cadre de l’enquête et détournement de l’objet de la consultation des fichiers pour un objectif autre. »
« En effet », indique lecollectif, « la police a honteusement fait fuiter mardi 28 dans la presse un profil de S. et des éléments confidentiels de l’enquête dans l’unique but de faire diversion et camoufler ses exactions – une manœuvre non seulement indigne mais aussi illégale qui mérite d’être sanctionnée. La plainte pour tentative de meurtre et entrave aux secours a été enregistrée. Le procureur de Rennes a ainsi saisi l’IGGN d’une procédure pour violence de la part d’une personne dépositaire de l’autorité publique et non assistance à personne en péril. L’avocate des blessé-es demande la désignation d’un juge d’instruction en urgence pour faire toute la lumière de façon indépendante sur ces faits d’une extrême gravité. »
Des mensonges d’Etat ?
« Nous rappelons qu’il est désormais avéré que la préfecture et le ministère de l’intérieur ont menti au moins par quatre fois sur les événements du 25 mars :
- En affirmant n’avoir pas entravé l’intervention du SAMU alors que de multiples témoignages et des enregistrements du SAMU publiés par Le Monde et Médiapart l’attestent
- En niant la réalité des armes de guerre employées pourtant vérifée par Checknews.
- En parlant d’usage légal de LBD avant de rétropédaler et condamner des « bavures »
- En affirmant que 7 blessé-e-s étaient à déplorer parmi les manifestant-e-s qui en comptent et en attestent plus de 200.«
« Tous ces éléments démontrent largement la responsabilité grave des forces de l’ordre, la tentative de meurtre et l’entrave aux secours, et nous comptons sur cette plainte et cette enquête pour le prouver définitivement. L’ensemble des témoignages semblent concorder pour dire que S. a été victime de l’explosion d’une grenade GM2L. Ils prouvent aussi comme l’enregistrement que contrairement à la version de la préfecture, la zone était calme et S. aurait pu être évacué sans encombre. »
« Nous rappelons qu’en plus de S et M, de nombreuses personnes ont été grièvement blessé-es et auront des séquelles à vie : une personne a perdu un oeil, une seconde risque d’en perdre un, une personne a perdu son pied, des personnes ont été défigurées ou ont eu de graves blessures aux jambes, à quoi s’ajoute les innombrables traumatismes psychologiques. »
La version de la préfète des Deux-Sèvres
Mise en cause par le collectif Bassines non merci mais également par le journal Le monde, la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée a publié de son côté, tard mardi soir, un communiqué de presse. Le voici :
« Un article du monde, publié le 28 mars 2023, intitulé « Sainte-Soline : l’enregistrement qui prouve que le SAMU n’a pas eu le droit d’intervenir », évoque des propos enregistrés par la Ligue des droits de l’homme. Cet échange aurait eu lieu entre cette dernière, un participant à la manifestation se présentant comme médecin, et deux interlocuteurs présentés comme le SAMU et un pompier. »
« Sur la base de la transcription de cet enregistrement, le Monde prétend montrer une interdiction émanant des forces de l’ordre pour empêcher le SAMU d’intervenir. »
« A titre liminaire, si la transcription de l’article laisse sous-entendre que les médecins militaires ne sont pas intervenus au profit des participants au rassemblement, force est de constater que cette affirmation est fausse. La Préfète des Deux-Sèvres rappelle le rôle essentiel joué par un médecin de la gendarmerie, qui a notamment porté secours à un participant blessé en urgence absolue, au milieu d’un groupe d’opposants agressifs. Il a été la cible de projectiles à son départ alors qu’il a prodigué les premiers secours et attendu l’arrivée du SAMU à ses côtés. Pour mémoire, cette information, tout comme la transcription détaillant cette intervention, sont des éléments rendus publics sur le site du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, depuis cet après-midi, mardi 28 mars 2023. »
« En outre, la Préfète des Deux-Sèvres souhaite particulièrement insister sur la mobilisation de l’ensemble des services de l’État pour mettre en place un dispositif de secours le plus efficace possible dans un contexte d’extrêmes violences prévisibles. S’assurer de la sécurité des personnels de secours est une règle de base qui gouverne en toute circonstance leur engagement auprès de victimes. »
« Le principe fondamental d’intervention des secours dans un contexte hostile est de garantir au premier chef la sécurité des personnels des sapeurs-pompiers ou du SAMU. Pour ce faire, il appartient aux forces de l’ordre, informées en temps réel de la situation, de définir si l’arrivée d’un véhicule de secours à un certain point est possible ou non de façon sûre pour lui. Il n’est donc pas surprenant que, si ces conditions de sécurité n’étaient pas réunies, les forces de l’ordre aient pu, pour certaines géolocalisations et dans certaines périodes de temps, indiquer qu’un envoi d’ambulance n’était pas possible dans l’immédiat. Ce n’est donc que pour éviter que le SAMU ou les pompiers ne soient pris à partie ou victimes collatérales des affrontements violents que cette consigne a pu être passée, dans un contexte où les groupes violents se déplaçaient très rapidement. »
« S’assurer de la sécurité des personnels de secours est une règle de base qui gouverne en toute circonstance leur engagement auprès de victimes. »
Le communiqué de presse se termine sur ces termes :
« La préfète des Deux-Sèvres Emmanuelle Dubée salue l’engagement sans faille des pompiers, du SAMU et des forces de l’ordre, qui sont intervenus lors de l’attroupement interdit qui s’est déroulé le 25 mars 2023 à Sainte-Soline. »