À la veille de la Toussaint, nombreux sont ceux qui vont aller se recueillir sur les tombes de leurs proches. De plus en plus, dans une démarche écologique ou simplement esthétique, les familles se tournent vers d’autres formes de sépultures.
De nouvelles sépultures végétales et tombes végétales apparaissent dans les cimetières français, offrant une alternative respectueuse de l’environnement.
Loin de la pierre en marbre ou en granit, certaines entreprises se spécialisent aujourd’hui dans ces créations végétalisées. L’une d’entre elles, Lodela, est basée à Niort et se développe dans toute la France.
Cela fait deux ans maintenant que Fred Perment, paysagiste, a créé sa société, Lodela, avec Paul Pampillonio et Jérôme Clerjeau. Une idée née de la demande d’une famille. « Un défunt qui aimait la nature voulait être enterré dans le cimetière naturel de Niort, mais comme il n’y habitait pas, ce n’était pas possible« , se souvient Fred Perment. Alors, « sa famille s’est tournée vers nous pour créer quelque chose à son image« .

100% personnalisables
Car le but de Lodela, c’est avant tout de créer des sépultures végétales qui ressemblent aux personnes. Pour cela, les tombes et cavurnes sont 100% personnalisables. Sur les stèles en acier, « on fait des découpes laser« , de différentes natures. « Ça peut être des objets de la nature, des prénoms, des dates, parfois des petites phrases. On laisse vraiment le choix aux gens« . Si les familles préfèrent des éléments plus personnels, comme des photos ou des dessins, elles peuvent également les intégrer à leur tombe végétale.
Et la personnalisation va même au-delà. Les clients peuvent également choisir différentes plantes à intégrer au tapis de sédums, végétaux résistants aux éléments, qui recouvrent le bac. « Ils ont la possibilité de planter autre chose. Si ils veulent des fleurs, on inclut d’autres bacs en acier, plus petits« . Mais il y a une contrainte de dimensions. « On propose des plantes adaptées à de petits contenants, type arbustes. On reste sur une tombe, dans un cimetière, il ne faut pas des choses qui s’étalent et qu’on se retrouve dans quelques années avec un arbre de cinq mètres« , poursuit Fred Perment.


Du vivant et de la nature
Ces nouvelles sépultures végétales se veulent surtout respectueuses de la nature. Pour cela, une grande attention est portée aux matériaux utilisés. Le bac et la stèle sont en acier corten. Celui-ci se patine naturellement par la rouille, qui le protège en même temps et évite le risque de corrosion. C’est aussi un métal durable, qui peut tenir plusieurs centaines d’années. Le reste, « c’est du vivant et de la nature, alors c’est 100% recyclable », explique le co-fondateur.
Cette manière de laisser la nature reprendre ses droits dans les cimetières est au cœur du projet Lodela. « On ne voulait pas de minéral, pour changer de ce qu’on trouve partout dans les cimetières« , raconte Fred Perment. Il poursuit : « On a un esprit nature et notre base, c’était de remettre la nature dans les cimetières« .
Quelque chose de différent
Une recette qui marche bien. Les clients sont tous très satisfaits. « On a que des bons retours« , se réjouit Fred Perment. Il remarque que certains « prennent plaisir à honorer leur défunt« . En proposant « quelque chose de différent« , Lodela sort des codes et permet aux clients de mieux se retrouver. « Il y a beaucoup d’endroits où c’est dur de se retrouver, où il n’y a que du marbre et du granit« , continue le co-fondateur de l’entreprise.
C’est ainsi par exemple qu’ils ont pu créer une tombe sur le thème du western, pour quelqu’un qui aimait cet univers et les cactus. « Ici, ils trouvent des choses qu’on ne trouve pas ailleurs« . Ce fut le cas également lorsque des gens ont choisi de refaire une sépulture végétale pour leurs parents, enterrés il y a plus de 40 ans. « Les parents ne voulaient pas une tombe classique, mais à l’époque, ça n’existait pas encore. Alors ils ont refait une sépulture végétale, à leur image« , se souvient Fred Perment.
Aux quatre coins de la France
Le succès de Lodela lui permet aujourd’hui de se développer dans de nombreuses régions : Vosges, Annecy, Charleville-Mézières ou Bretagne.Les tombes végétales Lodela sont livrables en kit. « On livre un kit complet, 3 boulons à mettre et ça s’installe en moins d’une heure à 2 personnes. Le tapis de verdure est livré en rouleau et se déplie facilement », détaille Fred Perment.
La société a récemment créé un columbarium végétal modulable inspiré de la nature. Aménagé dans l’esprit d’une ruche, il est fabriqué dans le même métal et reste personnalisable. Des espaces sont laissés pour la dépose de fleurs ou plantes, et on peut l’agrandir au fil du temps. « Jusqu’à maintenant, c’était des simples cases qui font penser à des cages à lapin, c’était moche« , rapporte Fred Perment.
Le premier colombarium végétalisé de Lodela a été vendu au début octobre, à Albi. L’entreprise est également en pourparlers avec des cimetières d’autres grandes villes, comme Toulouse, Niort ou Aix-en-Provence.

Un concept encore rare
Ces sépultures végétales restent peu répandues en France, qui ne compte que deux ou trois entreprises spécialisées.
Mais leur intérêt écologique et symbolique attire de plus en plus de communes et de familles en quête d’une alternative plus naturelle à la tombe traditionnelle
Chaque modèle est unique, selon les matériaux choisis : bois, pierre ou, comme Lodela, l’acier. Fred Perment conclut : « C’est une chose très récente », mais les gens sont sensibles à cette idée de renouer avec la nature jusque dans la mort.